GERARD PIRLOT LE PLAISIR COUPABLE DU REMORDS … OU CELUI DES DENTS MORDANT L’ŒIL DE L’INCONSCIENT
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Si, chez le patient nommé “ Didier ”
décrit par Bonnet, il fallut tout un travail psychotérapique
pour, une fois consolidées les assises narcissiques, voir apparaître
le remords point de départ à un véritable travail
psychanalytique, il peut en aller différemment chez le patient
névrosé. Le remords, parfois d’emblée là,
témoigne en effet d’un trop grand attachement à l’imago
maternelle ce qui limite alors toute possibilité d’une culpabilité
subjectivement assumée. Ainsi, à partir d’une vignette
clinique d’un sujet en analyse, après avoir rapproché
le remords du reproche et avoir évoqué le lien entre remords
et auto-sadisme (sadisme narcissique), l’auteur suivant en cela
les différentes étymologies française et allemande
du terme de “ remords ”, tente de définir métapsychologiquement
ce que ce terme recouvre. L’économie pulsionnelle du remords
se découvre être celle mettant en jeu un sadisme oral mêlé
aux pulsions scopique et d’emprise, sa dynamique est celle d’un
conflit de forces psychiques pouvant aller de la perception hallucinatoire
(cf. le cauchemar) à la somatisation (vertige, “ état-second
”, etc.) ou le passage à l’acte, et enfin sa topique
est celle d’un clivage du Moi devant la toute-puissance castratrice
d’un Surmoi maternel et totémique (loi du talion). Dans la
régression sadique-orale (cannibalique) qui le caractérise,
le remords est une forme de retour du fonctionnement psychique dans la
“ cavité primitive ” décrite par Spitz qui sert
alors de “ contenant ” au Self du Moi (les assises narcissiques
de celui-ci). Le sujet en proie au remords, tel Caïn, ou Œdipe
à Colonne, “ écrasé ” (subjectivement)
d’une culpabilité qui menace la cohésion du Self de
son Moi, peut régresser solitairement dans le remords jusqu’à
“ re-mordre ” répétitivement ce Moi par le biais
d’un Surmoi maternel “ incisif ” et castrateur. La prise
en charge psychothérapique et analytique du remords visera, par
la parole, à “ transférer ”, sur le psychanalyste
la culpabilité sous-jacente à ce remords afin de dégager
celle-ci de cette gangue “ auto-sadique ” et auto-érotique
qu’est le remords. |
Mots clés Remords, Auto-sadisme, Sadisme oral, Surmoi, Cavité primitive, Self, Enveloppe psychique. |